PLF 2026 et réforme du CPF : quel avenir pour le bilan de compétences ?

Le bilan de compétences et les tensions autour de la réforme du CPF dans le PLF 2026.

Le bilan de compétences et les tensions autour de la réforme du CPF dans le PLF 2026.

Le débat autour de l’article 81 du Projet de loi de finances 2026 occupe aujourd’hui une place centrale dans le secteur de la formation professionnelle. Derrière ce texte se cache une question cruciale : le bilan de compétences restera-t-il éligible au CPF ? Le 9 novembre 2025, la commission des finances a adopté l’amendement n° II-CF2608, qui modifie profondément le dispositif. Cet article propose une analyse complète, documentée et neutre, destinée aux professionnels et acteurs de la formation.

1. Contexte de l’article 81 du PLF 2026

L’article 81 avait initialement pour objectif de réduire le champ des actions financées par le CPF, en retirant notamment la mention du bilan de compétences dans l’article L.6323-6 du Code du travail. Cette mesure visait à concentrer les financements sur les formations certifiantes ou qualifiantes, dans un souci affirmé de maîtrise des dépenses publiques.

2. Que change l’amendement II-CF2608 adopté le 9 novembre 2025 ?

L’amendement adopté en commission supprime les alinéas 3 à 9 de l’article 81, ceux qui prévoyaient la sortie du bilan de compétences du CPF. Cela signifie, à ce stade, que l’éligibilité du bilan de compétences est maintenue. Toutefois, le texte doit encore suivre l’ensemble du parcours législatif, laissant subsister une forte incertitude.

3. Les raisons avancées pour restreindre le CPF

Le gouvernement met en avant plusieurs objectifs :

  • Limiter les dépenses du CPF, en forte augmentation depuis 2021.
  • Renforcer la qualité des formations financées.
  • Recentraliser les financements sur les compétences directement utiles à l’employabilité.

À l’inverse, les professionnels de l’accompagnement rappellent que le bilan de compétences constitue un outil essentiel pour :

  • la reconversion professionnelle,
  • la prévention de l’usure professionnelle,
  • le retour à l’emploi,
  • la construction de projets réalistes et durables.

4. Conséquences potentielles pour les organismes de formation

Pour les centres de formation, coaching et accompagnement, la réforme du CPF pourrait entraîner plusieurs impacts :

  • Nécessité de renforcer la traçabilité et la qualité des parcours (logique Qualiopi).
  • Anticipation d’un éventuel plafond de financement.
  • Risques de baisse des inscriptions CPF si le texte évolue défavorablement.
  • Intérêt croissant pour des modalités mixtes : bilan + formation certifiante.

5. Scénarios possibles pour 2026

Trois scénarios sont actuellement envisagés :

  1. Maintien total du bilan de compétences dans le CPF (scénario favorable).
  2. Maintien sous conditions : plafonds, publics cibles, critères renforcés.
  3. Sortie complète du dispositif CPF, avec financement exclusivement par d’autres dispositifs.

Pour anticiper sereinement, les organismes peuvent :

  • communiquer activement sur l’éligibilité actuelle du dispositif,
  • proposer des solutions de financement alternatives,
  • renforcer leurs livrables, preuves et indicateurs d’impact,
  • se préparer à une éventuelle réorganisation de leur offre.

6. Ce que cela signifie pour les bénéficiaires

Pour les salariés, indépendants et demandeurs d’emploi, la réforme du CPF soulève aussi des enjeux majeurs :

  • Le bilan de compétences reste finançable aujourd’hui via le CPF.
  • L’accès pourrait être restreint en 2026 selon la version finale de la loi.
  • Démarrer un bilan avant l’adoption définitive de la loi pourrait sécuriser un droit sans garantie d’avenir.

7. Conclusion : un enjeu stratégique pour l’orientation et la reconversion

La réforme de l’article 81 du PLF 2026 questionne directement la place de l’accompagnement humain dans les politiques publiques de l’emploi. Le bilan de compétences n’est pas une dépense de confort : c’est un outil d’orientation, de prévention et de projection, indispensable dans une économie en transformation rapide.

Dans un paysage législatif mouvant, rester informé, agile et proactif sera essentiel – tant pour les bénéficiaires que pour les centres de formation.